4 juin 2010

Je suis un ado et je m’affiche

Si nous acceptons que le jeu aide l'enfant à apprendre et qu’il leur permet de faire des découvertes sur eux-mêmes et sur l’univers qui l’entoure sans oublier qu’il l’autorise, sans jugement de valeur perceptible, à se découvrir en reconstruisant le monde (De Grandmont, 1989) il n’est pas de différence majeure pour la période d’adolescence. Seuls le vocabulaire et le médium seront modifiés. Avec l’enfant on peut solliciter son action via un toutou… mais avec l’ado il faut penser via le gang!

Car même au niveau de l’ado si on manœuvre bien, jouer n’est pas un acte immoral ou indiscipliné, c’est bien au contraire savoir partager avec les autres d’une façon qu’il puisse éliminer les faux-semblants, les faux paraitres, le faux social. En d’autres termes, le préparer pour grandir vers l’état adulte et se détacher de la dépendance du clan-gang qui gère momentanément sa vie. Si ce clan-gang est de constituante positive les intervenants autour de lui ne diront mot, mais… le cas contraire la société environnante les aura à l’œil. Le jeu devrait donc être présent en terme de récupération de ses ados fragiles.


L’ado a besoin de redécouvrir le jeu comme d’un moment privilégié favorisant la récurrence de certaines tensions. Prendre du temps pour soi et accepter que lorsque l’enfance est finie, “on ne devient joueur que dans les mains d’un autre ” (Deru, 2005). Accepter et surtout prendre le temps d’exploser dans une sorte de folie joyeuse et anodine qui nous autorise à rire... pour rien!

Le jeu n’est pas un travail, c’est sa définition même, le jeu devrait être un état, un moment privilégié, un désir de bien-être, une action spontanée, bref c’est tout sauf une structure définie et immuable. Voilà ce que doit entendre et surtout comprendre l’ado en regard du jeu qu’il juge souvent le propre de l’enfant. À l’image de la société qui, elle, voit le jeu de cette manière. Il n’est pas surprenant que l’ado veuille s’en éloigner. Et pourtant, cet ado a besoin de redécouvrir le jeu comme d’un moment privilégié favorisant la récurrence de certaines tensions. Pourquoi pas le jeu en gang, mais le vrai jeu pas celui d’imiter les films d’horreur! Jeu social, jeu de table, jeu de proximité, jeu de contact voir même jeu sur ordinateur très branché, mais, et surtout pas seul, toujours en collectif puisque c’est là le propre de l’adolescence.

Qu’une activité, un lieu, une situation soit plaisante, en aucun temps elle n’est autre chose que la démonstration de ces plaisirs multiples qui fort heureusement alimentent sa vie. Le risque de ce langage sur le plaisir lié à des situations est que l’ado perturbé ne le voit pas dans le bon axe et le dénature lentement, mais avec doigté, le plaisir intrinsèque devient le plaisir généré et recherché par le clan-gang. Bien sûr que le clan-gang voudra se l’approprier voir même le transformer ce plaisir intrinsèque en un plaisir dont le seul but à atteindre, la seule finalité est uniquement de compétioner contre sa société immédiate. Car l’ado depuis sa venu dans le “monde-ado ” apprend à faire fi du jeu enfantin ou perçu comme tel et de son plaisir intrinsèque pour se gaver (c’est bien connu la nature à horreur du vide), d’un substitut c’est-à-dire afficher le plaisir performant rechercher et reconnu par le regard du clan-gang d’où le risque de perturbations et de déviances sociales.

Certains trouveront le jeu trop sérieux, trop cognitif, d'autres trop frivoles par cette espèce de regain d'optimisme et de joie lorsqu’on ose parler de plaisir, mais sans cela, le plaisir n’est autre chose qu’un état compétitif plaisant si dans le regard des membres du clan-gang il reçoit l’approbation, nous en convenons, mais un état bien pâle en regard du vrai plaisir celui sans but, sans structure. Ce qui, nous le voyons, fera la différence entre jouer ludiquement où jouer à contrecarrer les règles de sa société.

De par la nature même de cette période de vie, l’adolescence veut tout structurer, veut tout refaire le monde, se croyant le maître absolu de l’univers! Nous devons donc en tenir compte dans le choix des activités ludiques qu’on propose. Il va sans dire que des activités de groupe vont assurément le mieux répondre à ses besoins momentanés de cette période d’adolescence. Des jeux de compétition même si celle-ci entre en désaccord quelque peu avec le plaisir intrinsèque sachant que ce n’est qu’un court instant dans la vie du joueur. Des jeux de forces tantôt physiques pour canaliser le déséquilibre hormonal et des jeux de force intellectuelle pour essayer d’éveiller le goût du dépassement.

Seul le jeu a cette versatilité de répondre aux enfants qui ont un besoin marqué d’apprendre et de découvrir et d’intéresser l’ado pour peut qu’on ait les bons mots et les bons moyens.

MAIS QUI EST DONC CET ADO?


Si on avait à définir en quelques mots qui est cet ado, je dirais que la phrase suivante répond bien à la question… JE DOIS PROUVER QUI JE SUIS... UN ADO!

*** C'est donc une période où l’on met des distances avec l’adulte supérieur donc aussi l’instructeur-joueur, le professeur-tuteur, etc.

*** Il a donc normalement besoin de faire disparaître le tandem père/mère pour le remplacer par celui de clan/amis… clan/gang

*** C'est la fratrie qui restera toutefois plus présente et plus longtemps dans l’entourage de l’ado-joueur parce que souvent l’âge n’est plus un problème lorsqu’on joue selon les normes.

*** Le désir de l'ado c'est qu'il veut des parents-occasionnels s'il ne trouve pas de joueur de notre âge!

DOIT-ON ACCOMPAGNER LE JEU...?

Doit-on accompagner le jeu (notamment avec les enfants)? Si oui doit-on avoir des compétences particulières?

Je suis de celle qui ne joue pas avec les enfants!
Surprenant? NON!

Je prépare tout, tout, tout, ce qui peut leur permettre de jouer et plus encore, mais… c’est a eux que revient le droit de jouer. C’est à eux que revient le droit de ne pas jouer. C’est à eux que revient le droit d’établir des consignes. C’est à eux que revient le privilège de modifier les consignes. Sinon c’est pas un jeu c’est un exercice comme celui qu’on fait en gymnastique ou en psychomotricité.

Le jeu est un acte gratuit décidé par le joueur et géré par le joueur sans intervention (dans la mesure du possible) de l’extérieure.

C’est jamais gratuit lorsque l’adulte joue avec les enfants il veut toujours que celui-ci fasse ceci ou cela ou apprenne ceci et cela.

Je dis sachez ce que vous voulez faire apprendre aux enfants et mettez à leur disposition le nécessaire pour qu’eux seuls le découvrent et s’intéressent à les apprendre.

Nous adulte nous voulons toujours le maximum pour l’enfant et comme si c’était pas suffisant on veut cela pour avant-hier! L’enfant lui avance doucement continuellement, mais doucement par rapport à l’adulte et pire en regard du pédagogue. Il avance lentement, car en chemin il découvre, il observe, il retourne sur ses pas et c’est là qu’il affermit ses connaissances.

L’adulte ne peut savoir cela, car en tant qu’adulte il a réalisé depuis fort longtemps cette étape et il a même oublié comment il l’a fait et pire encore il est investi par la société pour éduquer ses petits et la pression est forte. Donc le danger c’est qu’il pousse sur l’enfant pour le faire avancé plus vite et ainsi il peut brûler des étapes importantes pour celui-ci ou celui-là...

Préparer l’environnement cela demande beaucoup de temps et d’énergie puis une fois l’environnement sollicitant, l’adulte doit uniquement gérer les demandes d’aide (pas suggérer, mais gérer) voir à la discipline pour que tout se déroule correctement sans heurt et surtout OBSERVER chacun pour savoir comment réorganiser l’environnement par la suite. Ces OBSERVATIONS lui permettront de pouvoir introduire de nouveaux objets non seulement sollicitant, mais aussi provocateur de recherches chez l’enfant. Mais aussi je dirais chez l'ados souvent si versatile et chez les adultes peut enclin au jeu.

3 janvier 2010

Le jeu comme prétexte pédagogique

Face au jeu, nous trouvons quatre profils d’enseignants :

1. Celui qui croit dur comme fer que l’école est et doit être trop sérieuse pour que l’on puisse y perdre son temps en de vaines distractions.

2. On trouve aussi le pédagogue pour qui le jeu est un no-oui, à la condition qu’il puisse retrouver des compétences scolaires à évaluer.

3. Puis vous verrez l’aventurier, celui qui ne cherche que la nouveauté et qui semble toujours prêt à toutes expériences, le jeu-jouet ne lui fait pas peur.

4. Enfin, vous avez le pédagogue analytique qui lui cherche avant tout à répondre au maximum aux divers besoins des élèves. Alors, celui-là n’utilisera pas le jeu pour le jeu, mais plutôt il appliquera la pédagogie du jeu avec ses règles, ses analyses et ses exigences


À quoi doit servir le jeu en classe

Le jeu n’est pas une fin en soi, mais un moyen qui devrait permettre une meilleure approche des savoirs et savoir-faire par le biais d’une plus grande émulation. Le fait que le jeu peu maquiller en quelque sorte l’effort ou la difficulté en regard d’apprentissage précis permet souvent d’aborder cet apprentissage sans tension.

Lorsque l’élève joue, il devient acteur, acteur de sa propre formation. Il se sent capable de DÉ-CONSTRUIRE le monde pour le RE-CONSTRUIRE à sa dimension. Il le fait dans un rythme qui lui est propre et qui lui permet d’apprivoiser la connaissance et de la maîtriser. Il peut même dans un cas ou il ne sent pas compétent faire des retours ou même arrêter de jouer pour chercher à améliorer une compétence.

Fait assez surprenant, nos élèves sont souvent véritablement performants. Pour le constater, il faut les placer dans des situations réelles d’apprentissages. Le jeu bien utilisé est un moyen miniaturisé de le faire.

L’esprit du jeu est qu’il ne porte pas à conséquence. On le faire, le défaire, le refaire autrement et même le modifier il restera un jeu. Il reste frivole, futile donc peu menaçant ce qui en fait un objet d’apprentissage important puisque le sentiment d’échec de fait pas parti du jeu. On peut donc essayer des choses que l’on ne tenterait pas dans la vie réelle.

Le jeu nous fait sortir de notre réalité quotidienne. D’où sont importance pour les élèves en difficultés qui en principe sont ceux qui cumul le plus d’échecs. Avec le jeu je peux non seulement leur apprendre des notions et des concepts qui verbalisés paraissent trop difficile, mais aussi créer le sentiment de pouvoir donc annuler celui de l’échec. Le jeu permet donc d’aller à l’école avec plaisir et d’être bien dans sa peau.

Le jeu est une activité dans laquelle on prend des décisions. Tout jeu est lié à une série de décisions qui mène soit au but défini par le créateur ou au but décidé par le joueur. La première étant de jouer ou de ne pas jouer. D’où la difficulté d’imposer un jeu à toute la classe. Le jeu devrait rester un acte volontaire dans la mesure du possible parce que le jeu valorise la prise de décisions dans un environnement incertain.

Plus les enfants vont jouer, moins ils seront agressifs et plus ils seront en position de coopérer parce que les enfants vont négocier les règles et accepter les règles du jeu. Si c’est à eux que revient l’organisation d’un jeu, il peut développer la prise de parole même chez les élèves qu’on dit timides.


Le jeu et les situations problèmes :

Lorsque la pédagogie du jeu est bien utilisée, l’élève est obligé de faire des choix, dans un contexte incertain. Il est par ce fait mis en permanence en situation de résolution de problème. Ce qui aura un impact sur le développement de sa créativité.

Le jeu permet de fabriquer une stratégie personnelle tout en étant à l’aise de ne pas utiliser une solution toute faite.Chercher, bricoler une solution nouvelle, originale, personnelle comme le font les chercheurs, chercher parmi toutes les solutions qu’elles soient naïves, reconnues, expertes ou déjà éprouvées ou non. Le vrai plaisir de la recherche.

Anticiper et valider ses perceptions est un autre un aspect essentiel dans les situations de jeu. Favoriser l’appropriation de la situation et du problème est une autre forme de réussite. Le pédagogue verra aussi à inciter à faire faire des expériences mentales. Ce qui développera l’imagerie mentale et la projection.

Le jeu pour qu’il se déroule adéquatement oblige à élaborer de procédures. Souvent au début ces procédures seront ignorées par le joueur. Petit à petit les procédures se présenteront au joueur lorsqu’il voudra validation ses réponses ou créer de nouvelle procédure.


En conclusion

Le pédagogue devra accepter de ne pas tout maîtriser. Cela peut placer le pédagogue dans une situation inconfortable par rapport aux instructions officielles qui vont davantage dans le sens d’une maîtrise absolue de la classe et des apprentissages par le biais de certaines pédagogies directes et précises. Par contre, le pédagogue qui utilise la pédagogie du jeu au même titre que les autres forment de pédagogie (active, de la maîtrise, de l’entraide, de l’indirect, de contrat, de projet, etc.) procède par détour, par de l’indirect c’est-à-dire que l’apprenant n’est pas ou peu conscient du but visé. Ainsi tout au long de son « jeu » aura-t-il droit à toutes les découvertes que le pédagogue n’aura peut-être pas perçu. Ce qui pour l’apprenant lui donnera un large éventail de connaissances

La pédagogie du jeu comme tout autre forme de pédagogie à ses forces et ses limites. Elle convient à certains et peut déplaire à d’autres. Elle peut aider à mieux saisir certaines notions, certains concepts comme d’autres pédagogies peuvent le faire, mais celle-ci a l’avantage de suivre le rythme de l’élève.